Par essence les camps de réfugiés sont fait pour être temporaires. Mais à la faveur de l'enlisement des conflits et des politiques d'accueil des pays hôtes ils s'inscrivent dans le temps et se transforment en villes.

Camps de réfugiés syriens : des villes involontaires

Le camp d’Atmeh

Population : 5 000 – 10 000, Pays : Syrie, Date de construction : 2012, gestion : Brigade des Martyrs d’al-Ariyeh

Situé près de la ville de Qah, il est généralement appelé le « camp des Oliviers » parce que les réfugiés syriens qui échouaient à rejoindre la Turquie s’installaient entre les oliviers. Selon la fondation Maram en 2012 plus de 28 000 personnes y vivaient en 2012. En Novembre 2013 l’Etat islamique a coupé un olivier de 150 ans, accusant les réfugiés de le vénérer plus que Dieu. Aujourd’hui le camp est sous le contrôle du groupe islamiste Tahrir al-Sham.

Camp d’Atme, 2014

Camp d’Atme, 2021

Le camp d’Atme est le camp de réfugié le plus étendu à l’intérieur de la Syrie. Il s’étend sur 40 000 mètres carrés de champs et de vergers d’oliviers achetés par des cultivateurs locaux et financés par la communauté locale, la Libye et l’IHH, une ONG islamiste turque. Le projet a été lancé en 2012 par des bénévoles locaux et relayé par l’imam syrien Sheikh Omar Rahman. Selon lui, le camp est en capacité d’accueillir entre 5 000 et 10 000 réfugiés mais il est sensé être un point de passage temporaire avant d’accéder à un camp turc. Le camp a été construit suite à la saturation du camp de l’Olivier à Atme. La sécurité y est assurée par une milice rebelle, la Brigade des Martyrs d’al-Ariyeh, composée d’habitants de Qah. Récemment, le secteur a été repris par l’Armée Nationale Syrienne. Le 20 novembre 2019 le camp a été touché par une frappe de missile venant du régime, qui a été fermement condamnée par les Etats-Unis.

Avant Après Atme 2011

Camps de Zaatari

Population : jusqu’à 200 000 Pays : Jordanie Date de construction : 2012 Gestion : Onu

Le camp de Zaatari est le deuxième plus grand camp de réfugiés du monde. En juillet 2013 il accueille 500 000 personnes ayant fui la guerre de Syrie, ce qui en fait la cinquième ville la plus peuplée de Jordanie. Il en accueille 80 000 aujourd’hui. Il est divisé en 12 districts, chacun géré de manière indépendante par une ONG différente, le tout sous l’autorité des Nations Unies et du gouvernement jordanien. Les familles sont hébergées dans des containers de 15 mètres carrés. Chaque semaine 80 enfants naissent dans les 4 maternités présentes dans le camp. Cette génération d’enfants n’est jamais sortie du camp. Les nouveaux-nés bénéficient d’un passeport jordanien provisoire. En 2017, 15 000 jeunes vivent dans le camp et 20 % d’entre eux ont moins de 5 ans. Les 29 écoles suivent les programmes scolaires jordaniens. Un centre pour l’emploi est créé en août 2017 par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

En temps normal il est très difficile de quitter le camp, une autorisation spéciale est demandée, et depuis la crise du Covid aucun réfugié ne peut ni entrer ni sortir. 

Avant Après Camp de Zaatari 2013Zaatari 2014

Camp d’Azraq

Population : 50 000

Pays : Jordanie

Date de construction : 2013

Gestion : Onu

Le camp d’Azraq est situé en plein désert jordanien, à 20 km de la ville du même nom. Géré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en coopération avec le gouvernement jordanien, il a vocation a désengorger le camp de Zaatari, le deuxième plus grand camp du monde. Selon le Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés, le camp a été construit en 2013 pour un budget de 65 millions d’euros. Il a ouvert en 2014. Il a été prévu our accueillir 50 000 personnes tout en pouvant être étendu pour en accueillir 130 000.

Camp d’Al Hawl

Population : 60 000

Pays : Syrie

Date de construction : 1991

Gestion : Forces Démocratiques 

Syriennes

Le camp d’Al-Hawl est situé en Syrie proche de la frontière irakienne. La majorité de sa population est constitué de femmes issues de l’Etat Islamique. Entre 2019 et 2021 le camp est passé d’une population de 10 000 à 60 000 personnes. Ces déplacements sont intervenus après la bataille de Baghuz Fawqani lorsque les Forces Démocratiques Syriennes (SDF), les combattants kurdes appuyés par la coalition internationale, ont chassé l’Etat Islamique.

Originellement, ce camp avait été construit pour accueillir les réfugiés irakiens pendant la première Guerre du Golfe (1991). Il a ensuite été réouvert lors de l’invasion américaine de l’Irak. Aujourd’hui il est géré par les SDF. La moitié (48 %) de la population est irakienne et 37 % est syrienne, le reste vient en partie de France et de Belgique. Le sort des femmes jihadistes toujours radicalisées dont une partie est d’origine européenne est une question en suspend.

27.260186, 42.798402

Camp de Mrajeeb Al Fhood

Population : 4 500

Pays : Jordanie

Date de construction : 2013

Gestion : Emirats Arabes Unis

Le camp de Mrajeeb Al Fhood est situé dans une zone désertique à 20 kilomètres de Zarqa, en Jordanie. Il a ouvert en 2013 pour désengorger le camp de Zaatari et il est opéré par les Emirats Arabes Unis. En janvier 2015 il accueillait 4 196 personnes et le nombre est resté constant depuis. Sa localité très éloignée des villes fait qu’il est très peu visité par les journalistes.

Camp de Tel Hamur, Ceylanpınar

Population : entre 21 000 et 36 000

Pays : Turquie

Date de construction : 2011-2012

Gestion : Turquie

Construit à plus de 10 kilomètres de la ville la plus proche, d’une surface de 1 500 mètres sur 400, le camp de Tel Hamur abrite entre 21 000 et 36 000 personnes dans 4 500 tentes. Créé sur une friche entre 2011 et 2012, il est saturé dès 2013. Très peu fréquenté par les journalistes et les ONG.

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Camps de Kilis Oncupinar

Population : 14 000

Pays : Turquie

Date de construction : 2012

Gestion : Comité de gestion des catastrophes et des urgences turque.

Le camp d’Ocupinar a été construit en 2012 par la Turquie près de la frontière avec la Syrie. En 2014 il comptait 14 000 réfugiés de la guerre civile syrienne. Le camp est constitué de 2 053 containers reliés par des chemins de briques. Des écoles et des jardins d’enfants sont à la disposition des 2 000 enfants qui y vivent. Kilis Ocupinar est l’un des six « camps de containers », sensés offrir une meilleure qualité de vie que les camps en tente traditionnels. Chaque habitant reçoit l’équivalent de 43 dollars par mois via un système de carte qui peut être dépensé dans les différents magasins du camp.

Camp d’Al-Rukban

Al-Rukban est un campement informel situé dans le désert de Bâdiyat ash-Shâm, à plusieurs heures de voiture de la ville la plus proche. Il est dans la zone démilitarisée entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie établie par les Etats-Unis dans laquelle l’armée syrienne ne peut entrer sans autorisation. Le camp est installé entre deux murs de sable érigés par la Syrie et la Jordanie afin de définir une zone démilitarisée. Certaines personnes doivent se placer dans les rares interstices où il n’y a pas d’Etat pour être en sécurité.

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